La puissance du roman tient à sa force prophétique, qui en ferait presque un roman-documentaire, hélas. Mais c’est justement la force et l’atout de la science-fiction : prendre le réel et le tordre en une sorte de miroir déformant, afin d’en dénoncer les absurdités parfois criminelles, et ce de façon plus habile et plus poignante qu’un récit d’autofiction. On ressort sonné de cette lecture qui donne envie de creuser davantage dans ces thèmes, et d’aller découvrir les autres titres de cet auteur prolifique.

Ligny - Jihad - A l'ombre des nénuphars
Article Original

Il rejoint peu ou prou celui énoncé par la maison d’édition. 
Dès les premières pages, on est plongé dans l’horreur d’une guerre civile : la folie qui frappe à l’aveugle dans un village tout ce qu’il y a de plus calme ; le sentiment d’impuissance incarné dans le personnage du berger Ali, condamné à écouter le massacre et à le regarder de loin pour pouvoir témoigner et raconter. À travers l’histoire de Djamal, on explore les liens entre politique internationale et utilisation de la religion ainsi que le rôle des « puissances étrangères » dans les conflits locaux ; on plonge dans les coulisses de la traite des êtres humains ; et on réfléchit aux mécanismes qui entraînent quelqu’un dans la violence.
L’intelligence du scénario tient à la nature même de la « croisade » de Djamal, qui repose sur une vengeance personnelle. Djamal n’est pas un fou de Dieu, il ne croit qu’en sa propre volonté et non à une entité extérieure. En ça, on le suit et on découvre avec une foule de personnages improbables mais crédibles. Les thèmes évoqués rejoignent certains de ceux de Qui a peur de la mort ?, la part de magie en moins. Ici, la colère et la vengeance personnelle sont poussées à leur paroxysme, et balaient toute mythologie.
La puissance du roman tient à sa force prophétique, qui en ferait presque un roman-documentaire, hélas. Mais c’est justement la force et l’atout de la science-fiction : prendre le réel et le tordre en une sorte de miroir déformant, afin d’en dénoncer les absurdités parfois criminelles, et ce de façon plus habile et plus poignante qu’un récit d’autofiction. On ressort sonné de cette lecture qui donne envie de creuser davantage dans ces thèmes, et d’aller découvrir les autres titres de cet auteur prolifique.

- A l'ombre des nénuphars, le 12/11/17 

Publié le 24 novembre 2017