L'Or du Diable est un récit intelligemment construit (mais attendait-on autre chose d'Andreas Eschbach ?). D'un thème rebattu cent fois, il fait un roman agréable à suivre, bien ancré dans notre monde matérialiste, esclave des apparences, et en même temps dépaysant.

Eschbach - L'or du diable - Bifrost n°90
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Conseiller des investisseurs, leur dire comment faire fructifier leurs économies alors qu'on a soi-même un train de vie correct, mais sans plus, ce n'est pas évident tous les jours. Et même terriblement frustrant si l'on a un peu d'ambition. Or, de l'ambition, Hendrik Busske en a à revendre. Et l'écart entre ses rêves et la réalité lui pèse de plus en plus. Alors, quand il tombe par hasard sur un mystérieux ouvrage ancien évoquant la pierre philosophale, capable de créer de l'or, il le vole...et scelle ainsi son destin. pas de Marguerite, pour ce Faust moderne : seule la volonté de se hisser au dessus des autres, d'appartenir à la catégrie sociale supérieure, sert de moteur. Elle va l'entraîner dans une spirale...infernale ?

Délaissant ses thèmes futuristes habituels, Andreas Eschabach s'attaque au célèbre mythe de la pierre philosophale. L'histoire du jeune ambitieux, qui se déroule à l'époque moderne (mais commence avant l'an 2000 et son célèbre bug), est entrecoupée de la découverte d'anciens manuscrits. Avec eux, le lecteur retrouve les figures attendues : une époque barbare, des châteaux, des hommes rude set cupides, des savants mystérieux habités par la volonté de maîtriser des techniques mi-scientifiques, mi-magiques. Il découvre aussi la présence institante de l'Ordre des chevaliers teutoniques, auréolé d'un parfum de mystères, de complots, de plans secrets aux multiples ramifications.

Mais heureusement, à cette vision plutôt traditionnelle, l'auteur ajoute un regard scientifique [...]. Le frère du personnage principal travaille au CERN. Pour lui, cette pierre, si elle existe, doit être un fragment de météorite, pas la création d'un quelconque savant fou. S'il aide Hendrik dans sa quête, c'est pour récupérer cet objet et l'emporter dans son laboratoire afin de l'analyser. D'ailleurs on le voit dans les récits mediévaux, la pierre philosophale décrite semble avoir des propriétés radioactives...

Quête personnelle, voire philosophique, doublée d'un thriller (les manuscrits sont très recherchés). L'Or du Diable est un récit intelligemment construit (mais attendait-on autre chose d'Andreas Eschbach ?). D'un thème rebattu cent fois, il fait un roman agréable à suivre, bien ancré dans notre monde matérialiste, esclave des apparences, et en même temps dépaysant. [...]

Raphaël Gaudin - Bifrost n°90 

Publié le 7 mai 2018