Il a fallu attendre deux ans ce quatrième recueil des nouvelles de Jean-Claude Dunyach, qui comprend pour l'essentiel des textes des années 80, certains tirés du recueil Autoportrait, paru en son temps en « Présence du Futur » (Denoël), ainsi qu'un court inédit, « Cent mille fleurs pour le président Moâ », satire un peu potache des clowns de la politique et de la télé-réalité, où l'auteur cède à son péché mignon, les jeux de mots.      La plus longue nouvelle du recueil, « Les Nageurs de sable », qui obtint le prix Rosny aîné en 1984, est le fascinant récit de colons coincés sur un monde de sable. Si les adultes sont lentement gagnés par la folie, un adolescent s'adapte jusqu'à la métamorphose. Dans chaque récit, Dunyach trouve le ton juste et saisit l'instant magique, le moment de beauté qui constitue sa quintessence. On s'en convaincra avec « Flying Romani's » où l'insolite se transforme en merveilleux : ces romanichels du ciel qu'on peut surprendre dans un hall d'aéroport transmettent un apaisant sentiment de liberté. « Dans les jardins de Médicis » voit un amoureux transi partir chaque jour à la reconquête du cœur de sa belle dont la mémoire s'efface au bout de vingt-quatre heures. Ici aussi, l'angle d'attaque rend ce texte d'une poignante beauté. Le regard et la mémoire semblent être au centre de ces nouvelles : l'oubli des vieilles légendes provoque la mort de la cathédrale dans « L'Automne de la cathédrale » ; le regard de l'artiste sur des événements passés devient une forme d'art exposée dans « Détails de l'exposition », où l'on peut contempler des tranches de temps volées à des univers parallèles.      On a toujours du mal à s'arracher à la fascination que provoquent les récits de Dunyach. La pureté de son écriture, l'acuité de son regard que n'aveugle pas la tendresse, l'humanisme du propos parfois teinté de mélancolie nous font regretter d'arriver trop tôt à la dernière page.      Mais il n'est pas interdit de relire... Claude ECKEN, Bifrost 32, 01/10/2003

Dunyach - Les Nageurs de Sable - Bifrost
Il a fallu attendre deux ans ce quatrième recueil des nouvelles de Jean-Claude Dunyach, qui comprend pour l'essentiel des textes des années 80, certains tirés du recueil Autoportrait, paru en son temps en « Présence du Futur » (Denoël), ainsi qu'un court inédit, « Cent mille fleurs pour le président Moâ », satire un peu potache des clowns de la politique et de la télé-réalité, où l'auteur cède à son péché mignon, les jeux de mots.

     La plus longue nouvelle du recueil, « Les Nageurs de sable », qui obtint le prix Rosny aîné en 1984, est le fascinant récit de colons coincés sur un monde de sable. Si les adultes sont lentement gagnés par la folie, un adolescent s'adapte jusqu'à la métamorphose. Dans chaque récit, Dunyach trouve le ton juste et saisit l'instant magique, le moment de beauté qui constitue sa quintessence. On s'en convaincra avec « Flying Romani's » où l'insolite se transforme en merveilleux : ces romanichels du ciel qu'on peut surprendre dans un hall d'aéroport transmettent un apaisant sentiment de liberté. « Dans les jardins de Médicis » voit un amoureux transi partir chaque jour à la reconquête du cœur de sa belle dont la mémoire s'efface au bout de vingt-quatre heures. Ici aussi, l'angle d'attaque rend ce texte d'une poignante beauté. Le regard et la mémoire semblent être au centre de ces nouvelles : l'oubli des vieilles légendes provoque la mort de la cathédrale dans « L'Automne de la cathédrale » ; le regard de l'artiste sur des événements passés devient une forme d'art exposée dans « Détails de l'exposition », où l'on peut contempler des tranches de temps volées à des univers parallèles.

     On a toujours du mal à s'arracher à la fascination que provoquent les récits de Dunyach. La pureté de son écriture, l'acuité de son regard que n'aveugle pas la tendresse, l'humanisme du propos parfois teinté de mélancolie nous font regretter d'arriver trop tôt à la dernière page.

     Mais il n'est pas interdit de relire...

Claude ECKEN, Bifrost 32, 01/10/2003

Publié le 31 décembre 2008