L’Empire du Troll nous replonge dans cet univers que Jean-Claude nous avait déjà présenté dans L’instinct du Troll et L’enfer du Troll. Alors si vous n’avez pas lu les précédents opus, cela n’est pas gênant, mais cela va vous donner une furieuse envie de courir voir votre libraire pour lui demander pourquoi il ne vous avait pas parlé avant de cet univers.
Un Troll poursuivi par des créanciers
Tout commence pourtant pour le mieux. Notre Troll est tranquillement en train de mener sa mine, devant louvoyé un petit peu entre les différentes contraintes que lui imposent les nains et devant toujours gérer son stagiaire qui n’en finit plus de stager (pour ne pas dire stagner). La situation donc est plutôt calme, si ce n’est que Mme Troll se retrouve en difficulté et menacer de devoir quitter séance tenante son salon de coiffure… Ses idées d’extension, par l’achat de trous supplémentaires, la mène sur la faillite. Dire que la société Crédibit sait vendre du vide (ou des trous si vous préférez), générant des besoins qui sont tout à fait discutables, est un euphémisme. Si on rajoute à cela qu’une partie des nains ne semblent plus très intéressés par l’exécution de leur tâche quotidienne, que la bière tend à se faire rare et que le stagiaire semble s’interroger sur l’avenir, qu’il n’imagine pas forcément ad vitam être un avenir de stagiaire, cela peut devenir un peu anxyogène. Toute ressemblance avec des crises financières récentes caractérisées par des décisions d’une bêtise et d’une avidité rares ne saurait être qu’une pure coïncidence. Aucun troll n’est assez stupide, lâche ou inconscient pour provoquer ce genre de situation. Comme une conséquence à cette situation inédite (et à proprement parler incompréhensible), notre Troll va devoir se retrousser les manches (qu’il n’a pas) et monter une équipe pour aller récupérer l’or et sauver le commerce de sa femme.. Pour cela, il s’appuiera sur Cédric, son stagiaire depuis le début et quelques autres talents pour réussir sa mission on ne peut plus sensible. La cible ? Juste un dragon qui a capitalisé un max… En essayant de slalomer entre les différents périls parmi lesquels les avocats semblent être les pires.
Une bonne dose d’humour… ça fait du bien !
Nous retrouvons donc tout l’univers du Troll, et sa critique de la société actuelle (notamment). Comme vous l’aurez compris très rapidement au vu du mode de fonctionnement des avocats (et de Crédibit) ainsi que de la citation, le fond de la parodie est bien tourné vers notre système capitaliste spéculatif avec les conséquences que nous connaissons tous. Malgré tout, cette critique, bien que centrale, n’est bien sûr pas rébarbative et on se marre du début à la fin dans ce monde un peu foutraque où chacun essaie de sauver sa peau. Malgré tout, la Trollesse (ou femme du Troll, à vous de voir) questionne sur cette appétit de consommateur que nous avons tous, à vouloir toujours plus (et dans son cas, à avoir un commerce plus grand) alors même que ce qu’elle avait suffisait.
Bien sûr, résumer l’Empire du Troll à ce simple aspect sociétal ne serait pas lui rendre hommage. Beaucoup de travers de notre société sont pointés du doigt, avec un certain regard désabusé par moment (la restructuration de la mine, les employés / nains poussés à toutes les extrêmes pour permettre un lendemain à leurs enfants, le harcèlement au-delà de toute raison par les créditeurs, …). Et même si l’humour est bien le point d’accroche et le point fort du récit, il nous rappelle douloureusement certaines situations récentes.
Au-delà de ces aspects, j’ai beaucoup aimé le vocabulaire qui est tellement proche de mon quotidien, Cédric étant l’archétype du stagiaire qui veut bien faire son travail et espère réussir son stage pour se plonger dans la vraie vie de travailleur demain. Il aura déjà vécu avec le Troll le pire, et sera donc bien préparer à son statut de salarié demain. J’ai eu un rire nerveux en découvrant les faes alternatifs.
Bref, j’ai passé un excellent moment en compagnie du Troll de Jean-Claude, me permettant de prendre un peu l’air en ces temps très anxyogène… Les traits d’humour et jeux de mots de Jean-Claude sont une vraie bouffée d’oxygène.