Glen Cook maintient le niveau... Glen Cook a réussi un coup de maître avec La Compagnie Noire, imposant une passionnante série de fantasy fleuve (deux trilogies : Les Livres du Nord et Les Livres du Sud, et une tétralogie : Les livres de la pierre scintillante), située dans un univers résolument original, inspiré de sources indiennes et asiatiques (enfin, entre autres) plutôt que de l’habituel mélange celtico-tolkienesque si fréquent en fantasy. Mais les séries-fleuves ont une sale tendance à s’épuiser au fil des tomes (La Roue du Temps, par exemple, pour ne citer personne, mais si on veut être méchant il n’y a que l’embarras du choix). L’Eau dort est le neuvième opus de La Compagnie Noire, et il y a eu quelques hauts et bas dans les volumes précédents, même si la qualité générale restait résolument bonne. Faut aller chercher la belle au bois dormant... La Compagnie Noire a été décimée. Ou plutôt, plongée dans une stase magique par Millevoix, quelque part sous la plaine des pierres scintillantes. Il ne reste pas grand chose du glorieux groupe, et ce ne sont pas forcément les meilleurs : Gobelin et Qu’un-Oeil sont au bord du gâtisme et passent leur temps à se chamailler. Ky Gota, devenue une vieille femme revêche, fait régner la terreur avec sa langue de vipère. Un nouvel annaliste a repris le flambeau : Roupille, qui s’est métamorphosée en quadragénaire bougonne, et chef de fait de la Compagnie. Faute de grives... Avec Ky Sahra, l’épouse de Murgen, elle porte la Compagnie à bout de bras, pour en faire une épine dans le flanc de Millevoix. Pas facile quand celle ci règne en maître sur Taglios... Et il faut aussi penser aux prisonniers, qui attendent leur délivrance impatiemment...  (...) Glen Cook adopte ici un style qui se démarque nettement des autres romans de la série, pour se rapprocher plus de celui des romans mettant en scène Garrett. Il pousse ses personnages jusqu’au bout, même si cela implique de les suivre au delà du troisième âge, avec la décrépitude que cela peut impliquer. Roupille est un personnage nettement moins reluisant et notablement plus autocritique que ceux de la grande époque, et tout semble se déliter autour de ceux qui sont restés en liberté. Mais ces personnages sont d’autant plus humains, dissimulés dans les bas fonds d’une métropole titanesque et exotique, confrontés à de bêtes problèmes logistiques au jour le jour pour pouvoir mener leur guérilla. On constate certaines erreurs de concordance de la part de l’auteur entre la fin du volume précédent et celui ci (Millevoix a visiblement la mémoire qui flanche), voire quelques solutions un peu faciles, mais on ne peut s’empêcher de tourner les pages. Le lecteur est finalement récompensé par un certain nombre de révélations, et par la sensation, en refermant le bouquin, qu’il en reprendrait bien un peu... Comme quoi, Glen Cook, après huit volumes, a encore des choses à dire, et il reste des recoins à explorer dans l’univers de La Compagnie Noire... Une série a découvrir absolument.  Magda Dorner

Cook - L'eau dort - actusf

Glen Cook maintient le niveau... Glen Cook a réussi un coup de maître avec La Compagnie Noire, imposant une passionnante série de fantasy fleuve (deux trilogies : Les Livres du Nord et Les Livres du Sud, et une tétralogie : Les livres de la pierre scintillante), située dans un univers résolument original, inspiré de sources indiennes et asiatiques (enfin, entre autres) plutôt que de l’habituel mélange celtico-tolkienesque si fréquent en fantasy. Mais les séries-fleuves ont une sale tendance à s’épuiser au fil des tomes (La Roue du Temps, par exemple, pour ne citer personne, mais si on veut être méchant il n’y a que l’embarras du choix). L’Eau dort est le neuvième opus de La Compagnie Noire, et il y a eu quelques hauts et bas dans les volumes précédents, même si la qualité générale restait résolument bonne. Faut aller chercher la belle au bois dormant... La Compagnie Noire a été décimée. Ou plutôt, plongée dans une stase magique par Millevoix, quelque part sous la plaine des pierres scintillantes. Il ne reste pas grand chose du glorieux groupe, et ce ne sont pas forcément les meilleurs : Gobelin et Qu’un-Oeil sont au bord du gâtisme et passent leur temps à se chamailler. Ky Gota, devenue une vieille femme revêche, fait régner la terreur avec sa langue de vipère. Un nouvel annaliste a repris le flambeau : Roupille, qui s’est métamorphosée en quadragénaire bougonne, et chef de fait de la Compagnie. Faute de grives... Avec Ky Sahra, l’épouse de Murgen, elle porte la Compagnie à bout de bras, pour en faire une épine dans le flanc de Millevoix. Pas facile quand celle ci règne en maître sur Taglios... Et il faut aussi penser aux prisonniers, qui attendent leur délivrance impatiemment...

 (...) Glen Cook adopte ici un style qui se démarque nettement des autres romans de la série, pour se rapprocher plus de celui des romans mettant en scène Garrett. Il pousse ses personnages jusqu’au bout, même si cela implique de les suivre au delà du troisième âge, avec la décrépitude que cela peut impliquer. Roupille est un personnage nettement moins reluisant et notablement plus autocritique que ceux de la grande époque, et tout semble se déliter autour de ceux qui sont restés en liberté. Mais ces personnages sont d’autant plus humains, dissimulés dans les bas fonds d’une métropole titanesque et exotique, confrontés à de bêtes problèmes logistiques au jour le jour pour pouvoir mener leur guérilla. On constate certaines erreurs de concordance de la part de l’auteur entre la fin du volume précédent et celui ci (Millevoix a visiblement la mémoire qui flanche), voire quelques solutions un peu faciles, mais on ne peut s’empêcher de tourner les pages. Le lecteur est finalement récompensé par un certain nombre de révélations, et par la sensation, en refermant le bouquin, qu’il en reprendrait bien un peu... Comme quoi, Glen Cook, après huit volumes, a encore des choses à dire, et il reste des recoins à explorer dans l’univers de La Compagnie Noire... Une série a découvrir absolument.

 Magda Dorner

Publié le 30 mars 2010