River Clyde est le dixième et le dernier de la série mettant en scène Chastity Riley, la procureure de Hambourg, mais le sixième traduit pour nos contrées. Clairement, ce dernier tome s’adresse aux fans de la série, tant ce roman est lié aux précédentes enquêtes et en particulier la précédente Hôtel Carthagène.
Après le traumatisme subi lors de la prise d’otages à l’Hôtel Carthagène (voir la précédente enquête), Le groupe de la police judiciaire et la procureure Chastity Riley ont plus ou moins repris leurs affaires, sans réellement assumer leurs cicatrices. Quand elle reçoit une lettre émanant d’un cabinet d’avocats de Glasgow, elle y voit la bonne occasion de fuir, et prend son billet d’avion.
A Hambourg, dans une rue du quartier de Sankt Pauli, cinq hommes équipés de pulvérisateurs pleins de combustibles, mettent le feu aux immeubles. Arrivés au bout de la rue, deux d’entre eux tirent une balle dans la tête des trois autres. Des dizaines de blessés sont dirigés vers les hôpitaux et Stepanovic et Calabretta découvrent les trois corps. Ils vont interroger les dirigeants d’un groupe immobilier.
Quand Chastity débarque à Glasgow, dans le quartier de Partick, elle débarque dans un pub pour apprécier la musique (Johnny Cash bien entendu) et l’hospitalité des locaux. Par contre, son premier contact avec le cabinet d’avocat, en la personne de McBurney part sur de mauvaises bases. Chastity veut visiter la maison dont elle hérite mais il refuse de lui donner les clés. Elle partira donc à la recherche de la maison de sa tante.
Pour tous les fans de Chastity Riley, on ouvre ce roman avec une profonde tristesse, sachant qu’il s’agit du dernier tome de la série. Comme je l’ai mentionné au-dessus, il est nécessaire, au minimum d’avoir lu Hôtel Carthagène pour prendre l’ampleur du traumatisme qui a touché toute l’équipe à la fin de la prise d’otage. Enfin, je termine cette introduction pour signaler qu’il ne s’agit pas d’un polar, à proprement parler mais plutôt d’un roman intimiste qui montre la réaction psychologique de tous les protagonistes qui gravitent autour de Chastity.
Si on peut penser que la lettre de l’avocat permet à Chastity de fuir un contexte étouffant, nous allons la voir à la fois découvrir un nouveau pays mais aussi ses propres racines (son père est originaire d’Ecosse). Chastity va aussi rapidement y trouver un environnement étonnamment familier, en particulier concernant les pubs et cela va être l’occasion pour elle de reprendre sa consommation d’alcool (à haute dose).
Sa fréquentation des pubs va lui permettre de rapidement se faire des contacts, grâce à l’accueil des piliers de pub. Chastity va retrouver des raisons d’avancer et Simone Buchholz réussit à nous partager cet humour désabusé et terriblement drôle dans ses dialogues étincelants. L’auteure donne aussi à son roman un aspect évanescent en faisant parler la rivière ou en convoquant les fantômes qui s’intègrent parfaitement dans la psychologie de son personnage principal.
Du côté de Hambourg, même si on assiste à une enquête qui ne se révèle qu’être qu’une série de filatures, on prend toute la dimension du traumatisme et des cicatrices qui vont marquer à jamais toute l’équipe. Et plus que le drame de la prise d’otages de l’hôtel Carthagène, on se rend compte du rôle central que Chastity avait pris dans ce groupe d’enquêteurs, ces hommes et femmes apparaissant comme orphelins de leur meneuse.
Simone Buchholz réussit la clôture de sa série avec un roman alternant entre drame et humour désabusé. Jamais la plume de Simone Buchholz n’aura été aussi émotive, légère, poétique, éthérée. Le roman se lit avec des larmes au bord des yeux, avec des éclats de rire que l’on esquisse avec un rictus forcé. Non, ce roman n’est pas un polar, mais un roman magnifique sur la découverte de soi et une belle fin de cycle.
Quelques informations pour ceux qui voudraient découvrir cette formidable série. Le premier volume de la série Nuit Bleue (N°6 de la série) ressort en format poche, chez Rivages/Noir. [...]