Comédien, auteur dramatique et cofondateur de la compagnie Tibaldos, Léo Bossavit publie deux pièces en un volume dans la trop rare collection théâtrale des éditions L'Atalante. Dans la première, il est question d'un entretien de sélection pour un projet qui doit redorer l'image du métro parisien. Le candidat se nomme Arthur, le recruteur Patrick, et très vite ce qui devrait être un face à face professionnel dérive dans une mise à nu impitoyable, puisque celui qui détient le pouvoir se permet de rendre l'autre otage de sa confession. Les apparences vont s'effriter, les deux hommes s'affronter et l'issue ne peut être que tragique. La seconde pièce, pour quatre comédiens et un choeur, tient également du jeu de massacre. Lors de l'enterrement du grand-père, le consensus s'effondre en deux temps: le vrai visage du défunt sera dévoilé à la famille, et la fille accusera publiquement son père de l'avoir violée. Passé le choc des révélations la pièce pose une question simple et essentielle : peut-on croire en la parole? Comme le déclare Érine, la fille : « Parce que, si quand je le dis ça ne change rien, comment est-ce que je vais m'en sortir ? » Question centrale, s'il en est. Le choeur familial écoute le récit de la fille et celui du père pour décider qui dit la vérité et qui ment. L'on songe à Festen, terrible film danois de Thomas Vinterberg où une famille explose suite à une révélation similaire. Dans ces deux pièces, Léo Bossavit aborde de front deux sujets graves qui ont pour point commun l'impossible maintien des apparences et l'hypocrisie des faux-semblants. Il n'épargne pas ses personnages et montre que lorsque la parole n'arrive plus à convaincre, seule la violence demeure. Éric Pessant Encres de Loire Encres

Bossavit – L’entretien – Encres de Loire

Comédien, auteur dramatique et cofondateur de la compagnie Tibaldos, Léo Bossavit publie deux pièces en un volume dans la trop rare collection théâtrale des éditions L'Atalante.

Dans la première, il est question d'un entretien de sélection pour un projet qui doit redorer l'image du métro parisien. Le candidat se nomme Arthur, le recruteur Patrick, et très vite ce qui devrait être un face à face professionnel dérive dans une mise à nu impitoyable, puisque celui qui détient le pouvoir se permet de rendre l'autre otage de sa confession. Les apparences vont s'effriter, les deux hommes s'affronter et l'issue ne peut être que tragique.

La seconde pièce, pour quatre comédiens et un choeur, tient également du jeu de massacre. Lors de l'enterrement du grand-père, le consensus s'effondre en deux temps: le vrai visage du défunt sera dévoilé à la famille, et la fille accusera publiquement son père de l'avoir violée. Passé le choc des révélations la pièce pose une question simple et essentielle : peut-on croire en la parole? Comme le déclare Érine, la fille : « Parce que, si quand je le dis ça ne change rien, comment est-ce que je vais m'en sortir ? » Question centrale, s'il en est. Le choeur familial écoute le récit de la fille et celui du père pour décider qui dit la vérité et qui ment. L'on songe à Festen, terrible film danois de Thomas Vinterberg où une famille explose suite à une révélation similaire.

Dans ces deux pièces, Léo Bossavit aborde de front deux sujets graves qui ont pour point commun l'impossible maintien des apparences et l'hypocrisie des faux-semblants. Il n'épargne pas ses personnages et montre que lorsque la parole n'arrive plus à convaincre, seule la violence demeure.

Éric Pessant
Encres de Loire

Publié le 27 juillet 2012