Rencontre avec Elisa Beiram - Fantastinet

Interview
24 novembre 2021

Bonjour Elisa, Rêveur zéro est ton premier roman. Comment en es-tu venue à l’écriture ?

J’ai commencé à écrire par nécessité, pour survivre à la période un peu ingrate qu’est l’adolescence. J’ai poursuivi par nécessité aussi, mais cette fois pour manger : parce qu’écrire était ce que je faisais de mieux, j’en ai fait mon métier en devenant rédactrice.

J’ai commencé à gagner des concours de nouvelles assez tôt, notamment au lycée. Mais peu après, j’ai complètement laissé tomber, parce qu’il faut être raisonnable à un moment : on ne va pas devenir écrivain. Certains se lancent sans hésitation dans leur passion et finalement, je me dis qu’ils ont raison de ne pas laisser tomber. Car moi aussi, malgré tout, j’y suis revenue. J’ai été encouragée par un ami, qui écrit lui aussi. C’est lui qui m’a suggéré d’écrire sur les rêves, car il sait que je rêve beaucoup et parle souvent de mes rêves. C’est de là qu’est parti Rêveur zéro… que j’ai mis 5 ans à écrire parce que bosser, et surtout voyager de partout n’est pas trop compatible avec l’écriture d’un roman. Il faut s’astreindre à une certaine discipline, ou plutôt à une habitude.

Dans Rêveur zéro, il est question d’une épidémie de rêves si je peux m’exprimer ainsi. Et c’est flippant car certains matins on se dit, heureusement, ce n’était qu’un rêve… Mais là non. Quelle drôle d’idée !

Le rêve est sans limite, sans inhibition ni norme. Je trouvais intéressant de le révéler au grand jour pour voir ce qu’il pouvait y faire, ce qu’il pouvait nous apprendre. Bien sûr, le présupposé d’une épidémie de rêves qui se matérialisent dans la réalité pose pas mal de problèmes, de paradoxes. À un moment donné, je me suis retrouvée coincée en me demandant : « et si quelqu’un rêve de la fin du monde ? ». Pour le bien de l’histoire, j’ai un peu éludé le problème. La façon dont je me l’explique, c’est qu’il y a une forme d’équilibre entre ceux qui rêvent de destruction et ceux qui rêvent à l’opposé. C’est d’ailleurs le fond du livre. Si j’imaginais une suite, ce serait une guerre entre rêveurs positifs et négatifs, entre ceux qui veulent recouvrir la planète de cauchemars et ceux qui veulent recouvrir la planète de rêves. Mais aussi entre ceux qui veulent laisser place au rêve, et ceux qui luttent pour s’accrocher à la réalité.

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