Où est passé l'Homme ?

10 mai 2012

Dans L’Entité 0247, l’auteur nous a joué un bien vilain tour. Alors que notre lecture ronronnait tranquillement vers le Triomphe du Héros, qui en plus ramasse au passage la Belle Blonde (BB ?), nous, lecteurs, raillions intérieurement ce final si prévisible et tellement classique… quand soudain, horreur, notre Héros est brutalement déchu ! Sans prévenir ! En fait si, un petit peu, quelques indices traînaient de-ci, de-là, mais personnellement je ne les avais pas relevés. Donc, brutalement, Patrick Lee nous retirait le tapis sous les pieds et transformait notre beau Héros (rédempté en plus) en un paria sans avenir, au nom de l’Amourrrr… Bref, pas sympa. Mais heureusement, amis lecteurs, il y a une suite ; Travis aura donc droit à une nouvelle chance auprès de Paige. Un peu léger comme programme me direz-vous, mais, soyez rassurés, ceci n’est que l’effet collatéral d’une épreuve majeure : la fin de l’Homme… Et voilà notre série qui bascule franchement dans la science-fiction, la belle, celle qui nous fait rêver, celle qui ouvre des abîmes sous les pieds du lecteur. Quoi ? Alors qu’on nous avait tant vanté l’aspect thriller de L’Entité ? Rassurez-vous, il reste toujours de gros morceaux d’action, impossibles et quasi désespérés, bien entendu. Mais le rythme frénétique du premier volume est rompu par ces scènes tragiques, illustrées par David Demaret. Regardez donc bien la couverture. Ne reconnaissez-vous pas la fameuse place new-yorkaise de Times Square ? Mais rapprochez-vous donc encore, avez-vous remarqué que les immenses écrans ne sont pas allumés ? Il semblerait même qu’une abondante végétation ait pris possession de la ville. Où est donc l’Homme ? Ou, à défaut, que lui est-il arrivé pour qu’il abandonne ses villes en paix à la nature ? De l’émotion, de l’inconnu, des trahisons prodigieuses, croyez-moi, il n’existe plus beaucoup de romans de science-fiction de cet acabit.

Alain Kattnig Co-directeur de collection