« Les pandémies de science-fiction sont bien plus meurtrières » Pierre Bordage – Ouest-France

Interview
5 mai 2020

Nos vies après le virus. Ouest-France a souhaité donner la parole à des personnalités pour parler des enseignements que nous pouvons tirer de cette crise. Quatrième volet avec l’auteur nantais de SF, Pierre Bordage.

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Un bon auteur de science-fiction sait sentir les lendemains. Il a toujours un temps d’avance. Le Nantais, Pierre Bordage, pointure du genre, est l’un de ceux-là. Ironie du sort, son nouveau roman, Rive gauche (Métro Paris 2033) dont la sortie prévue le 26 mars à l’Atalante est reportée au 27 mai, parle du confinement : dans une capitale irradiée, les Parisiens se réfugient dans le métro. Confiné dans sa maison du Verdon-sur-Mer, en Gironde, l’auteur éprouve le thème. Sans bouleversements majeurs. « Quand j’écris, je ne vois pas grand monde. » Mais en cette période, rattrapé par la réalité, il pose son regard sur le monde de demain… sans grands lendemains.

Vous ne serez pas surpris, on va démarrer cet entretien par le thème de votre dernier bouquin Rive gauche, des Parisiens assignés à résidence dans le métro, à cause d’une surface irradiée. Le confinement, c’est un espace de jeu récurrent pour les auteurs de science-fiction…

Pour un auteur de SF, le confinement est un monde fascinant avec la peur, la promiscuité… Un monde clos qui permet un travail d’entomologiste. On a une loupe et on regarde ce qui se passe. Il permet de mieux décortiquer. Ce confinement, nous l’aurons éprouvé dans un appartement, dans un espace clos avec ce que ça engendre de colère, d’ennui… Ou de positif si on en ressort en ayant relu de la philo, par exemple. Dans le confinement, on peut voir apparaître le pire ou le meilleur de l’être humain…

Les rues désertes, les mégalopoles à l’arrêt, les gens masqués… sont des images d’œuvres post-apocalyptiques devenues réalité…

Les informations sont du virtuel, pour moi. Comme si j’étais au cinéma. Mais au tout du début du confinement, le 18 mars, j’ai ressenti très fortement ce sentiment de fin du monde. Je sortais de la clinique Confluent, à Rezé, où j’avais été hospitalisé la veille pour une opération sur les coronaires. Mon fils est venu me chercher en voiture pour gagner ma maison en Aquitaine. Nous avons roulé dans un pays désert, personne sur la route, personne sur le bac… C’est très étrange de voir cela en vrai. J’ai pensé à 28 jours plus tard de Dany Boyle, qui parle de contagion. Un homme se réveille dans un hôpital et marche dans un Londres désert.

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