"Les Chevaux célestes" d’un certain Guy Gavriel Kay, vous connaissez ?

4 juillet 2014

Non ? … eh bien vous devriez ! Car, si vous êtes arrivés sur ce blog, c’est sans doute que la fantasy ou l’imaginaire au sens large ne vous laisse pas indifférent. Peut-être même que le nom de Guy Gavriel Kay ne vous est pas totalement inconnu ! Et pourtant, malgré de nombreux romans publiés, l’auteur reste relativement confidentiel en France.

La parution de Les Chevaux Célestes devrait changer cela, car c’est à mon sens l’œuvre maîtresse de Kay, la pure essence de son approche quasiment unique de la fantasy. Et c’est l’usage de la civilisation millénaire chinoise qui a permis un tel chef-d’œuvre, car vous qui cherchez des civilisations étrangères, des coutumes extravagantes et des psychologies différentes, inutile d’aller plus loin. Notre bonne vieille planète, en plusieurs milliers d’années d’histoire et bien plus de préhistoire, a déjà produit plus de variétés qu’il n’en faut pour nourrir les muses de tous les écrivains de fantasy ! Avec un immense avantage : la profondeur culturelle et historique.

Combien de fois avez-vous entraperçu les étais des décors de carton-pâte de vos fantasy ? Hum ? Combien de fois vous êtes-vous dit qu’il était décidément bien étrange que vos voleurs, mendiants et autres ruffians favoris soient aussi peu différents de vous ?

Voilà ce qui distingue ce roman.

Restait à éviter l’autre grand écueil auquel doit faire face chaque littérature de genre ; l’attraction de la grande littérature et la négligence des codes du genre. (cf. Fabien Lyraud sur ce sujet). De ce côté-là, il faut reconnaître que les apparences sont trompeuses ; notre héros s’exprime aisément en vers et les combats les plus difficiles sont des joutes, certes, mais oratoires à la cour de l’Empereur ! Pire encore, la prose de Kay a toujours été élégante et fluide, le tableau est apparemment accablant, non ?

Eh bien, j’affirme ici le contraire. L’écriture de Guy Gavriel Kay n’est pas une fin et sert son histoire. Quant à l’importance de la poésie dans le roman, apprenez qu’elle correspond à une réalité qui a été et que pour s’élever dans l’univers de la Chine ancienne, tout pétri de valeurs guerrières que vous soyez, vous devez savoir jouer de votre langue comme d’une dague acérée. Ces combats n’en sont pas moins incroyablement passionnants car, au contraire des combats à l’épée dont les finesses ne nous sont pas accessibles, un combat d’éloquence devant l’empereur nous est parfaitement intelligible ! Souvenez-vous donc du film Ridicule à la cour du roi Louis XVI, et vous aurez une idée des périls qu’encourt notre héros, l’honorable Shen Tai. Lui qui était simplement parti donner une sépulture aux ossements de la dernière grande guerre de son défunt père… Un acte perdu au milieu de l’empire le plus peuplé de l’histoire, mais un acte dont les répercussions feront vaciller l’Empire du Milieu. Quant à toi, lecteur, tu accompagneras Shen Tai au sommet de la vague de changement qui affecte la Kitai et tu te souviendras de la vieille malédiction chinoise :

« Puissiez-vous vivre des temps intéressants. »

Permettez-moi enfin de remettre notre belle couverture, on ne s’en lasse pas !

Vous trouverez enfin un échantillon, comme à la parfumerie, ici.

Alain Kattnig