Histoire de carte

4 juin 2020

 

Vous vous êtes peut-être déjà demandé comment la carte du roman que vous êtes en train de dévorer a été réalisée. Est-elle de l’auteur ? A-t-on sollicité un dessinateur ou un graphiste ? Faut-il s’imprégner de l’histoire ou bien les indications de l’auteur peuvent-elles suffire ? Je crois que chaque carte a sa propre histoire et je vais vous raconter celle de Rive Gauche, connue aussi sous le nom de Métro 2033.

Le brief était clair. L’équipe de L’Atalante souhaitait une carte qui transmet une émotion, à l’image de celle du métro de Paris que l’auteur Pierre Bordage a noircie pour ne conserver que les couloirs et stations de Rive Gauche. L’auteur, lui, voulait une carte simple, lisible, efficace, qui révèle à quel point il peut être plus difficile de circuler d’une station à une autre, avec des zones de passage clé, dans ce métro post-apocalyptique. Tout le monde était d’accord avec l’idée d’une carte dessinée ou imaginée par l’un des personnages du roman. Il me restait juste à découvrir l’univers du Métro 2033 français, à le comprendre et à m’en imprégner…

Je me suis donc plongée dans la lecture de Rive Gauche, notant chaque détail pouvant rendre cette carte crédible, cohérente et la liant à l’histoire. Dès les premières pages, Roy m’a semblé être celui qu’il me fallait ! Et plus j’avançais dans ma lecture, plus cela devenait une certitude. Roy est un des seuls personnages à savoir lire, à pouvoir consulter des livres, proscrits dans cet univers, et il a plus de connaissances que la plupart des Métrolites. En somme, il est ce lien entre notre présent (son passé) et le sien. Il écrit aussi ses mémoires régulièrement, il a vu des anciens plans du métro de Paris, il a du papier, de l’encre… et Pierre Bordage a bien fait les choses, car Roy a même accès à une vieille papeterie !

L’histoire de cette carte était finalement écrite entre les lignes. Je me suis dit que Roy avait pu trouver des carnets à dessin, avec des papiers texturés un peu jaunis, ainsi que des crayons de couleurs qui auraient sans doute mieux survécu au temps que des feutres amenés à sécher… Et il s’est mis à tracer le plan de Rive Gauche, s’appuyant sur le plan originel du métro parisien, et révélant l’organisation des statiopées avec des couleurs soigneusement choisies. Et comme il est un homme de culture, il s’est même servi de ses souvenirs d’images du « Métropolitain » écrit dans un style Art nouveau pour esquisser, à sa façon d’homme du futur, le titre de la carte... Vous l’aurez compris, j’aime beaucoup Roy !

Le plan était dessiné, tout propre, trop propre en réalité, presque scolaire, et ne reflétait pas encore l’ambiance sombre de ce lieu de survie. Restait à le salir à coups de maladresses du dessinateur, avec des taches d’encre, des traits de crayon, quelques plis sur le papier, mais aussi un peu de moisissures, du sang qui provient très certainement d’une giclure d’un rat égorgé un peu trop près… et enfin, un coin déchiré qui laisse paraître le béton souillé de Métro 2033.

Louise