Entretien avec les Aggloméré·e·s | Fantastinet

Interview
22 novembre 2022

Entretien avec les Aggloméré·e·s

Le collectif les Aggloméré·e·s ont signé avec Subtil béton une anticipation engagée, sur fond d’une France devenue Franco et autoritaire. La révolte qui aurait pu avoir lieu a été matée. Le récit ne nous offre pas une vision très optimiste pour notre état et aborde des problématiques bien contemporaines.

Une partie du collectif était présente aux Utopiales, et j’ai pu échangé quelques questions… L’occasion de voir que l’engagement militant est au cœur de la vie des Aggloméré·e·s qui abordent avec beaucoup de conviction leurs combats, leur vision sur une société déséquilibrée mais aussi sur le rôle de l’écriture et de l’anticipation.

Un échange au travers duquel j’ai pu ressentir toute la passion et la conviction des représentant·e·s du collectif !

Bonjour les Aggloméré·e·s ! Est-ce que vous faites partie du collectif qui est à l’origine du roman Subtil Béton ou bien êtes-vous arrivé·e·s un peu plus tard dans l’exercice ? Et au-delà de ce roman, que faites-vous au sein des Aggloméré·e·s ?

Nous faisons tout·e·s les deux partie du collectif depuis ses débuts, c’est à dire depuis 2007. À l’époque, nous n’avions pas pour objectif d’écrire, et encore moins de publier un roman. Nous étions un groupe de féministes qui cherchions les moyens de nous renforcer en réfléchissant à ce qui fonctionnait plus ou moins mal, en termes relationnels et d’organisation, dans nos cercles militants anti-autoritaires et anti-capitalistes. Notre groupe s’appelait « Subtil béton », comme le titre du futur roman… dont nous n’imaginions pas encore l’existence. Ce récit a seulement émergé après des années d’ateliers d’écriture, qui visaient simplement à alimenter nos réflexions. Des textes se sont accumulés, rencontre après rencontre, jusqu’à ce que surgisse, presque subrepticement, une histoire qui nous a passionné·e·s… au point de finir par la partager. Au moment de la publier, il était évident que le nom de notre groupe était également celui du livre, mais nous nous sommes dit que « Subtil béton par Subtil béton », ça ne sonnait pas tout à fait bien. Alors nous nous sommes renommé·e·s « les Aggloméré·e·s », comme un moyen de figurer l’ensemble des personnes qui avaient contribué à cette fabrication, soit près de quatre-vingt, avec des rôles très différents les un·e·s des autres. Le noyau dur du collectif a été, selon les moments, composé de trois à cinq personnes, dont nous deux. Au fil des huit premières années, une trentaine d’autres ont pris part aux ateliers d’écriture, parfois pour une seule session, parfois pour quelques-unes. Et une autre trentaine a participé les années suivantes à des phases de correction, d’affinage et d’édition. Ensuite, nous comptons encore toutes les personnes qui ont contribué à Subtil béton en assurant les conditions matérielles nécessaires à sa fabrication : tenir les lieux dans lesquels nous nous sommes réuni·e·s pour écrire à plusieurs, mais aussi faire tourner nos propres espaces de vie, pour que nous puissions partir et que le reste continue à fonctionner. Le collectif de base a donc toujours été constitué de trois à cinq membres, mais pour nous, les Aggloméré·e·s c’est aussi l’ensemble des personnes qui ont participé concrètement, de manière matérielle et artisanale, à ce que ce livre existe. Beaucoup d’entre elleux pourraient considérer qu’iels ont fait très peu, mais rien n’aurait existé sans ces multiples apports.

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