Dresseur de fantômes

L'avis des auteurs
16 avril 2014

On entend parfois parler de romans inspirés à leur auteur par un rêve. C’est à un cauchemar que je dois Dresseur de fantômes. Un cauchemar dans lequel je me retrouvais flottant au-dessus de mon lit, désincarnée, devenue invisible aux yeux de tous, et qui me laissa une impression de panique si grande à mon réveil qu’il resta là, filigrane sur mes pensées, pendant plusieurs jours. Les personnages de Valentine et Théophras Werenfeld naquirent peu de temps après, déjà indissociables l’un de l’autre. La première, aventurière fière et indépendante, voit son destin se briser le jour où le mystérieux Collectionneur l’empoisonne, la réduisant ainsi à l’état de fantôme. Théophras, son compagnon, devient le seul à pouvoir la voir et l’entendre. Pour ce couple qui se retrouve privé de contact physique, de réalité, commence alors une quête de vérité et de vengeance qui les mènera aux quatre coins du globe. À mesure que la trame de l’histoire se dessinait, venait en même temps l’esquisse d’un univers complet. Dresseur de Fantômes a été pour moi l’occasion de mélanger des inspirations qui, au premier abord, ne semblaient pas exactement coller les unes aux autres… En toile de fond, il y avait cet univers rétro-futuriste, remodelé par une série de catastrophes inexpliquées, où l’électricité a déserté certaines parties du globe ; mélange d’influences steampunk et barjavelienne – Ravage compte parmi les lectures les plus marquantes dont je me souvienne. Puis, progressivement, d’autres éléments se sont greffés à ce paysage imaginaire : des cités aériennes, un gigantesque bateau à aubes, un cirque volant… Ou comment réunir des sources d’inspiration aussi diverses que les films de Miyazaki, Tom Sawyer et la piste aux étoiles du Cristal qui Songe de Sturgeon. Le plus étonnant ? Au fil des pages, les pièces s’assemblaient, le puzzle prenait forme. La frégate Odorante et l’AéroCircus devenaient aussi importants à mes yeux que les personnages, et quelque chose d’intrigant commençait à se dégager de ce patchwork, tandis que je découvrais le sentiment grisant d’avoir enfin mis les pieds sur « mon » monde. Et aujourd’hui, je n’ai qu’une hâte : y retourner !

Camille Brissot