Auteurs débutants et seconds romans : Douglas Hulick et les "Princes de la pègre"

6 septembre 2012

Une série de posts a été consacrée récemment à une dizaine de nouveaux auteurs de SF/Fantasy sur le blog Staffer's Book Review. Ces auteurs ont ainsi pu s'y exprimer et, forcément, en sont venus à évoquer ce fameux second roman, celui qui déterminera si vous êtes l'homme d'un seul roman ou si vous en avez encore d'autres sous le pied. Vous vous doutez bien que parmi ces auteurs se trouve un des « nôtres », comme on s'approprie vite les choses et même les hommes. Il s'agit de Douglas Hulick, l'auteur de Princes de la pègre, ce que j'ai lu de mieux en 2011 en Fantasy dans notre quête sans cesse renouvelée de la perle rare (oui, il y a un petit délai technique appelé traduction entre votre lecture et la mienne). D'ailleurs savez-vous que ce livre est sorti directement en format poche et n'a donc pas bénéficié de la grosse machine marketing de son éditeur, son succès s'est donc construit uniquement grâce au bouche à oreille de ses lecteurs, sympathique non ? Ce roman a plusieurs particularités, à part d'avoir ce personnage, Drothe, tellement ordinaire qu'il ne se découvre le héros de sa propre histoire que dans les dernières pages ! De fait je pense ici à l'univers de Fantasy dans lequel évolue le héros, en particulier son Empereur rendu éternel par les incarnations successives du tiers de son âme, mais qui avec le temps ont fini par se battre entre elles. Et puis il y a ces Anges qui auraient institué cet exercice singulier du pouvoir. Finira-t-on par un roman de Science-Fantasy ?Je ne sais pas mais … JE VEUX SAVOIR ! JE VEUX PLUS ! Car avec son nouveau statut, Drothe devrait pouvoir jouer dans la cour des plus grands, à condition de grappiller quelques heures de sommeil supplémentaires, bien sûr … J'attends donc avec impatience le manuscrit du second tome Sworn in steel … sauf que Douglas a 18 mois de retard. La raison en est donnée justement dans ce post, que je vais essayer de vous résumer. Pour tenter de comprendre le problème, Douglas y examine différentes causes possibles :

  • Défaut de prévision du scénario : pas ça, ses notes le lui prouvant amplement ;
  • Moindre vitesse d'écriture : non, Douglas a doublé sa vitesse à 500 mots/jours (bon, c’est pas terrible mais pour un papa-poule s'occupant de deux garçons à la maison, c’est pas mal) ;
  • Procrastination (merci Pratchett), d’une certaine façon oui puisque le symptôme a consisté en l’impossibilité de considérer son livre comme terminé.

Alors, qui est responsable ? Qui est le coupable ? Vous ne devinerez jamais ! J’attends (insérer quelques minutes de temporisation). C’est étonnant, c’est inattendu, c’est pourquoi j’ai voulu vous faire partager mon étonnement, c’est tout simplement : la qualité de finition de Princes de la pègre … Une explication plus détaillée s’impose. Imaginez que vous soyez un de ces nouveaux auteurs, qu’enfin vous décrochiez un contrat d’édition avec un texte que vous avez porté, poli pendant parfois des années. Votre éditeur s’en empare alors et pousse votre prose à un niveau encore supérieur. Mais vous avez signé un contrat pour trois livres et quand vous vous attelez au second, le premier, cet objet fini, nickel, trône sur votre bureau. Il est presque parfait et en comparaison vos premiers jets ont autant de rapport avec celui-ci que le vilain petit canard n’en avait avec les cygnes. De quoi vous faire douter de l’identité réelle de l’auteur de votre premier livre, était-ce bien vous ? Et puis vous avez oublié les innombrables séances de réécriture puis la relecture tatillonne que vous ont infligée votre éditeur et ses correcteurs. Il faut dire que vous avez tâté d’un nouveau rôle, celui de l’auteur à succès, grisant non ? Sauf qu’il faut maintenant tout recommencer et remettre en jeu votre crédibilité toute neuve… Dingue non ? Aux dernières nouvelles, Douglas, au 20 juin, était en pleines révisions. Nous pouvons donc espérer une sortie au dernier trimestre de cette année… en anglais, hélas ! Bon, je vous laisse. Je vais tenter d’extorquer à l’un des maillons de la chaîne éditoriale un exemplaire exclusif, bootleg et tout et tout de Sworn in Steel. Mais comptez sur moi, en cas de succès je vous donnerai des nouvelles.

Bises

Alain Kattnig